samedi 15 août 2015

Un peu de lecture pour adoucir les moeurs (OU PAS).



(Un siècle et demi après mon dernier article... Bref. Mea culpa)

Entre deux études sociologiques sur la consommation culturelle des jeunes téléspectateurs français (t'as deviné? Je suis en pleine rédaction de mon mémoire de 1e année de master), je me suis permise de lire un livre hors de propos, qui mérite un petit article "effroi et damnation":
Enfants perdus, enquête à la brigade des mineurs, de Claire Berest (chez Pocket, acheté 6.81€ chez Amazon, frais de port compris).
Allez, un petit résumé rapide, histoire de te mettre l'eau à la bouche: déjà, sache le, c'est une enquête, une étude, une réflexion... Que du vrai, basé sur le temps passé par Claire Berest auprès des enquêteurs de la brigade de protection des mineurs (a.k.a. la BPM, wesh ma gueule). La jeune écrivaine y relate donc les mois passés auprès de ces policiers qui côtoient, tous les jours, des filles de 13 ans qui se sont faites passer dessus par 6 copains sans problème mais pour le 7e elles étaient pas d'accord, des garçons de 15 ans qui filment la copine de classe se faire sodomiser pour la 1e fois dans les vestiaires de la salle d'EPS, des parents largués qui comprennent pas que c'est le mal de laisser leurs gamins de 10 ans surfer sur des sites qui proposent comme seul modèle valable de sexualité des relations extrêmes et bancales...

Si là, tu n'as pas l'eau à la bouche mais un sale gout de bile dans la gorge, c'est normal; tous ces faits donnent la nausée.

Je ne sais pas si je suis tordue, tarée ou juste curieuse, mais tout ce qui touche à la violence, aux dysfonctionnement de l'être humain et de la société, aux perversions... ça m'intéresse énormément. Habituellement je lis plutôt des romans, des polars, des thrillers où les gens se tuent de façon atroce, ou se font du mal. Jamais pour me rassurer sur ce que je ne pourrais pas faire, jamais pour comprendre comment on en arrive là, ni même pour m'exciter parce que tu comprends le sang ça me fait mouiller... Non. Non. Juste que la part de noirceur des gens, c'est intéressant. Et là c'est la première fois que je lis une enquête sur des gamins qui ont la moitié de mon âge et qui sont, pour de vrai, déjà bien plus atteints que moi. Evidemment je trouve certaines choses à redire sur ce livre: ça répète quasiment tout le temps la même chose, à savoir "à 13 ans ils font déjà ça et ça, moi à leur âge il n'en était même pas question, comment en est-on arrivés là?!". Oui évidemment c'est la grande question, et des éléments de réponse sont donnés: avec l'explosion de nouvelles technologies à la fin des années 1990, il est bien plus facile de s'exposer et d'exposer les autres à la face du monde, ce qui peut réveiller nos plus bas instincts, que ça soit de se montrer sous notre plus beau jour ou de profiter de la naïveté des autres (bien normale quand on a 12 ans et aucun poil en vue) pour leur faire du mal. Mais j'aurais aimé qu'en marge de tout ce questionnement, il y ait davantage de réponses données par les enfants perdus eux-mêmes. Soyons francs, ce n'était peut-être tout simplement pas possible: après tout, on parle d'enfants, souvent de moins de 13 ans, qui se retrouvent happés par le système judiciaire après avoir fait des conneries. Impossible pour C. Berest de suivre les dossiers, d'interroger elle-même les enfants en mode "j'écris sur les horreurs que toi et tes petits copains commettez, tu me racontes comment t'en es venu à sodomiser avec un balais ta petite voisine?". Nope. Mais bon, du coup il manque un petit quelque chose.
Bref. Ce fut quand même une fameuse lecture, vite faite: 200 pages, c'est vite plié. Une lecture pleine d'effroi. Comment, mais comment cette jeune génération a pu tomber dans de tels extrêmes?? Se laisser aller à des comportements stupides et borderline comme ça, en mode "je suce tous les garçons de ma classe mais je veux rester vierge jusqu'à mon mariage"?? J'ai l'impression d'être une vieille conne quand je lis des études pareilles. Certes je ne suis pas une précoce, je me foutais des relations amoureuses comme de l'an 40 jusque tard, donc il semble assez logique que les histoires amoureuses, voire sexuelles de gamins de collège me passent complètement à côté, mais quand même!!! Est-ce- quelque chose qui a énormément changé ces 10-20 dernières années, ou bien on se rend juste davantage compte de la chose maintenant? Je suis dépassée. Qu'on s'intéresse à la sexualité dès le collège, ça me semble normal, et même sain. C'est à cette période là qu'il faudrait prendre toutes ces chères petites têtes blondes entre quatre yeux et leur apprendre ce qu'est la sexualité, mais surtout la BONNE sexualité (je ne parle évidemment pas d'une sexualité hétéro, avec missionnaire le dimanche soir à 22h30 après le film de première partie de soirée... Non, je parle bien sûr d'une sexualité respectueuse, réfléchie et assumée par tous les participants). Mais en être à préférer se faire prendre par la petite porte parce que, la pénétration normale c'est du sérieux et pas donné à tout le monde, euuuuuuh je suis larguée. Totalement. Quand est-ce-que ça a pu basculer? De qui est-ce la faute? Des parents actuels qui n'ont pas su y faire, d'un loup qui est entré dans la bergerie et qui a tout gâché, d'adultes pervers qui ont réussi à transformer d'innocents enfants en proies hyper-sexualisées? Et surtout, qu'est-ce-que ça va donner dans les années à venir, et pour les prochaines générations?
Je ne sais pas vous, mais moi ça m'angoisse. C'est tellement éloigné de moi, de ma façon de penser à cet âge... (Oui depuis j'ai grandi, changé, découvert des choses qui m'ont plu et d'autres pas... J'ai vécu quoi)

Qu'est ce que vous en pensez? Comment vous placiez vous vis-a-vis du sexe à 13 ans? Vous ressentez vous aussi cet écart avec les jeunes d'aujourd'hui?